Edito de Pierre Novikoff : homélie pascale

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Au chapitre 20 de son Évangile, saint Jean rapporte que le disciple que Jésus aimait vint au tombeau, il vit et il crut.

Il vit quoi ? un tombeau vide avec des linges posés à plat.

Moi je ne sais pas, mais si j’avais vu cela je ne sais pas si j’aurais cru à autre chose que “on a du se tromper de tombe, désolés…. on cherche la tombe de Jésus, vous ne savez pas où elle est ?” 

Et pourtant le disciple que Jésus aimait crut

qui est ce disciple que Jésus aimait ?

Mais crut à quoi ?

  1. Alors, qui est ce disciple aimé de Jésus ?

Il est cité pendant le dernier repas de Jésus, il est à côté de lui.

Il est présent lors de la crucifixion, Jésus lui confie alors sa mère.

Puis, il accompagne Simon-Pierre au tombeau. C’est le passage que nous avons lu.

Enfin, il reconnaît Jésus ressuscité au lac de Tibériade.

La cène, la crucifixion, la résurrection, ce disciple est présent aux moments clés de l’évangile. La tradition veut que cela soit Jean l’auteur du quatrième évangile. Mais, on ne sait donc pas qui c’est exactement.

C’est le disciple que Jésus aimait. Or ne sommes-nous pas tous des disciples que Jésus aime ? Par le baptême, c’est ce que nous devenons non ?

Alors peut-être que nous pouvons relire le passage en remplaçant le disciple que Jésus aimait par chacun d’entre nous, simple chrétien baptisé…

C’est peut-être chacun d’entre nous qui est amené à découvrir le tombeau vide et à croire…

  1. Croire, mais à quoi ?

Mais au fait, notre disciple bien aimé, notre chrétien, qu’est-ce qu’il voit et qu’est-ce qui le bouleverse. Il voit des draps dans un tombeau vide. Il n’y a rien à voir…

Et bien peut-être que justement la clé est dans le rien, dans le vide.

Rappelons nous dans toute l’écriture, le désert, le vide est le lieu de la rencontre avec Dieu Les prophètes rencontrent Dieu dans le désert, Moïse et le peuple hébreu passent quarante ans dans le désert à apprendre à connaître Dieu. Et même Jésus commence sa vie publique en passant quarante jours dans le désert.

Peut-être que ce que nous dit l’évangile est qu’avant la mort de Jésus, nous avions un Dieu incarné. Un Dieu qui s’est fait homme. Un Dieu physiquement présent que l’on pouvait toucher. Mais Dieu est mort dans la chair…

La résurrection de Jésus laisse au tombeau la place à une absence, un désert, un vide, un rien. Il n’y a plus de dépouille mortuaire, il n’y a plus de chair visible.

Mais cette absence révèle la présence spirituelle de Dieu. Nous passons d’un Dieu physiquement présent à un Dieu spirituellement présent.

Et pour mieux comprendre ce Dieu spirituellement présent va se révéler physiquement, mais sous une autre nature. Il va d’abord se révéler à Marie-Madeleine puis aux autres disciples. C’est l’objet des récits juste après le passage que l’on vient de lire. Puis, il va continuer à se révéler physiquement sous des formes diverses. Aujourd’hui, il va encore se révéler sous la forme du pain et du vin. 

Le disciple bien aimé nous rappelle donc que Dieu se révèle dans le silence. 

Intermède:

Mais pour l’instant je vous propose de refaire quelque chose qui ressemble à l’expérience du disciple bien aimé. Pour cela, on va fermer les yeux, pour faire le vide. Et puis comme les moines du désert, pour appeler la présence de Jésus, on va dire tout bas: “Seigneur Jésus, viens à moi” et on peut le répéter, le répéter encore.

Et peut-être que nous ressentons quelque chose comme une chaleur, une petite lumière, une présence, une amitié, une forme d’amour, une source de Vie.

Voilà c’est sans doute cela la présence de Jésus en chacun d’entre nous.

Jésus qui est là, vivant, ressuscité, au milieu de nous.

  1. La gloire de la résurrection

Jésus est ressuscité certes, mais qu’est-ce que cela me dit à moi aujourd’hui ?

Jésus est mort sur un instrument de torture. La croix ce n’est pas un truc qui fait joli dans les églises. Ne l’oublions jamais, c’est une invention démoniaque pour faire mourir par la souffrance. Un crucifié meurt par étouffement. Il meurt parce qu’il n’a plus la force de gonfler la poitrine pour respirer. C’est une mort horrible. 

Par sa mort, Jésus est allé rencontrer toutes les souffrances. Il est allé partager les plus grandes souffrances. Que nous soyons abandonnés, malades, en deuil, en prison, torturés, Jésus, notre Dieu, a déjà vécu ces souffrances. Il est allé au-delà pour retrouver la Vie.

Cela veut dire que quoiqu’il nous arrive, la Vie est plus forte. Nous sommes appelés à ressusciter. Pas uniquement, à la fin des temps, mais tous les jours, face à toutes nos souffrances.

Il y a quelques jours, j’ai rencontré une mère qui avait perdu un enfant adolescent. Son enfant est sûrement déjà ressuscité, mais elle ? J’ai rencontré aussi il y a quelques semaines un malade qui n’avait plus que quelques jours à vivre. Comment peut-il ressusciter alors qu’il va mourir ?

Et pourtant, j’ai vu leurs sourires, leurs yeux pleins d’espoir, au-delà des larmes de cette mère et de la souffrance de ce malade. Au-delà de ces temps de mort, avec du temps pour cette mère, avec de l’espérance pour cet homme, ils s’ouvraient la Vie, ils étaient en Vie.

Jésus nous montre qu’au delà de toute peine, de toute perte, il y a une Vie possible

Jésus nous appelle à la Vie, il nous appelle à croire que la Vie est plus forte que tout. Il y a cette Vie qui est en nous et que Dieu nous donne. Quoiqu’il arrive la Vie est et sera présente. Jésus est Vivant, mais nous aussi sommes appelés à la Vie.

C’est sans doute cela que le disciple bien aimé a compris.

C’est ce que nous sommes amenés à croire et à annoncer.