Edito : en route vers Pâques : discerner

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C’est mercredi matin, nous voici en voiture sur une des petites routes du Hurepoix. Ce n’est pas encore le printemps mais ce n’est déjà plus l’Hiver. La météo nous a annoncé un temps ensoleillé mais avec risque de brouillard le matin. Eh bien nous y sommes en plein dedans. Nous connaissons le chemin mais nous avons perdu nos repères habituels. Il faut être attentif au moindre détail et adapter sa conduite pour rester sur la route et arriver à destination. Allumer ses feux pour le brouillard : fait, adapter sa vitesse : fait, regarder les bandes blanches sur la route : fait … et doucement mais surement nous avançons tout en partageant dans le silence ouaté de la nature. « C’est un peu comme ce temps de carême, nous savons que nous allons vers la lumière mais il faut que le brouillard se dissipe car quand nous serons sur le plateau le soleil va briller. Pour avancer il faut être attentif aux signes dans ce brouillard qui affute tous nos sens. Et si c’était ça discerner : être attentif et confiant qu’après le brouillard, il y aura le soleil.

Combien de fois m’a-t-on posé cette question : comment discerner, comment savoir que ma vie est en harmonie avec le projet de Dieu ?

Quand on parle discernement au sein de l’Église on parle de discernement spirituel et non pas d’une technique de management. Certes il est bon de savoir discerner dans des circonstances de la vie de tous les jours et maitriser cette pratique est peut-être déjà un premier pas vers le discernement spirituel.

Le discernement est propre à notre humanité. Nous avons à notre disposition 5 sens qui nous permettent de nous mettre en relation avec les autres et avec le monde qui nous entoure. De plus nous sommes dotés de raison, ce qui nous permet à partir de ce que nous percevons de définir qu’elle sera la meilleure façon de faire.

Le discernement spirituel s’adresse quant à lui à l’enfant de Dieu que nous sommes devenus le jour de notre baptême. C’est se mettre à l’écoute de l’Esprit qui nous révèle le projet de Dieu : Laisser de côté notre corps humain pour être en tête à tête avec Dieu dans le domaine non plus du rationnel mais dans celui de l’amour. Aimer ça ne s’explique pas, ça se vit. Devant une décision qui engage notre vie, cette disposition à l’écoute de l’Esprit nous orientera dans la bonne direction celle qui nous rendra heureux pleinement et durablement. C’est là que l’on ressent ce qui est bon et ce qui est vrai un peu à l’image de ce que nous vivons dans une relation d’amour ou d’amitié pour quelqu’un. Ma seule certitude c’est que ça ne pouvait être qu’elle ou que lui.

L’autre aspect du discernement spirituel est qu’il se vit individuellement mais aussi ensemble quand le corps du Christ (l’Église) a besoin d’envisager de nouvelles voies pour remplir sa mission : « Allez de toutes les nations faites des disciples, … ». C’est le cœur de l’Église synodale que nous apprenons à vivre ensemble. Là aussi apprenons à nous mettre à l’écoute de l’Esprit qui nous parle par la bouche de chacun d’entre nous.

Le temps de Carême est une période propice pour relire ce que nous vivons, les signes de notre temps pour nous rapprocher du Seigneur et éviter de marcher à coté de nos vies. C’est le moment d’allumer nos feux antibrouillard, de nous laisser éclairer par l’Esprit.

Bon discernement et bonne route vers Pâques

Que l’Esprit soit avec chacun de nous.

Xavier Pain